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La Mère, Gorki

10 Juillet 2013 , Rédigé par Gaulebook Publié dans #Analyses récentes

La Mère, Gorki

Le Succès.

La Mère, une révélation européenne dès 1907.

Lorsque le roman est publié en 1907, il rencontre un franc succès en Russie.

Peu à peu, il va être traduit dans de nombreuses langues et être lu partout à travers l'Europe. Reconnu en tant que chef d'oeuvre contemporain, il est rapidement adapté au cinéma (en 1926) par Vsevolod Poudovkine. En 1931 c'est le metteur en scène Berthol Brecht qui décide de l'adapter au théâtre. Les trois oeuvres sont chacune devenues des classiques.

Le roman en Russie

Le succès du roman en Russie s'explique par le mouvement ouvrier qui avait amené la première révolution de 1905. Les attentes étaient grandes mais les résultats s'éloignaient de leur idéologie. Les ouvriers et tout le mouvement socialiste de l'époque attendaient un cri de réveil, un symbole puissant derrière lequel se ranger pour croire à nouveau à la victoire. Le roman, en plus d'apporter ce réconfort, redéfinit clairement l'idéologie communiste. Le livre La Mère est très proche de l'humain, très proche des ouvriers et même des paysans. Il porte un message universel mais ne se contente pas de le proclamer sans arguments ; cet ouvrage est nuancé (car les points de vues sont multiples selon les personnages) et chaque discours est appuyé par des justifications.

Le film de Poudovkine, une fidélité discutable.

Pour satisfaire les attentes du régime - qui était déjà asservi à Staline - le cinéaste ne devait pas faire ce qu'il imaginait, ni respecter la plume de Gorki. Le film n'est donc pas fidèle, car le sénario est en rupture avec les idées de l'écrivain et certains messages sont exagérés, tandis que d'autres sont oubliés. Par exemple, le rôle de la police est différent. Les policiers sont violents et teigneux, alors que dans le livre la nuance n'est pas négligée. Le livre insiste sur la foi religieuse de la mère, mais à aucun moment le film ne lui donne la parole sur ce sujet. Le rôle des grèves, de la prison, de l'usine... Tout est argumenté. Le film semble à cet égard très simpliste.

Cependant, l'oeuvre de Poudovkine est extraordinaire. En effet, le film est axé sur la relation de la mère et du fils, de l'amour filial qui les relie. Bref, le film joue beaucoup sur les sentiments, la grandeur du mouvement socialiste (la dernière scène, sur le pont), et reste un film très dynamique pour l'époque (lorsque les détenus s'échappent de la prison).

Je ne peux malheureusement pas commenter la pièce de théâtre car je ne l'ai pas vue.

L'oubli.

De la gloire au néant

Le roman de Maximovitch Gorki demeure un classique de la littérature soviétique et même russe, cependant depuis deux décennies le livre est strictement introuvable en France. On ne sait pas pourquoi aucun grand éditeur ne publie une si grande oeuvre, là où ils privilégient des best-sellers creux ou des "classiques" qui n'en sont pas (n'ayant ni passé le filtre de l'histoire ni emporté une majorité de lecteurs vers l'approbation). C'est le pouvoir qu'a le secteur privé de choisir, en quelque sorte de censurer, des oeuvres qui ont pourtant fait leurs preuves - pour rester modéré.

La maison d'édition "Le Temps Des Cerises", qui prône les oeuvres dédiées à la lutte pour la liberté, a eu l'audace et (c'est triste d'employer ce terme) l'originalité de publier un roman qui serait tout simplement mort de nos jours.

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